13 juin 2007

L'influence de la catastrophe de Tchernobyl sur la quantité de radioactivité en Europe

Je profite du blog, et aussi du fait que j'ai parlé du nucléaire (d'ailleurs, je n'ai pas fini d'en parler) pour aborder une chose qui m'énerve depuis longtemps (21 ans en fait) : le problème des effets de la catastrophe de Tchernobyl sur l'Europe et sur la France.

Apparemment quasiment personne n'a pensé à la chose suivante, qui est pourtant du domaine de l'évidence la plus aveuglante, la première chose à laquelle on devrait penser : vu que la dispersion de l'uranium s'est réalisée sur l'Europe entière (mers comprises), celui-ci devait être tellement dilué, que, hormis à proximité de la centrale, l'impact a du être quasi nul en terme d'augmentation de la radioactivité.

Voyons, on a 70 tonnes de combustible dans une centrale. La masse volumique de l'uranium est de 19 tonnes par m3. Donc, 70 tonnes font un volume de 3,6 m3. Disons 4 m3 pour simplifier les calculs. Apparemment, au moins la moitié du combustible a fondu et est resté dans la centrale de Tchernobyl. Donc, ça ne ferait que 2 m3 qui se seraient échappés de la centrale par la voie des airs. Apparemment, une partie de ces 2 m3 est retombée à proximité de la centrale et des alentours un peu plus éloignés. Supposons qu'il ne restait que 1 m3. Ca voudrait dire qu'un cube de 1 m3 aurait contaminé l'Europe entière. C'est totalement ridicule.

On aurait l'équivalent d'un sac de 1 m3 de poudre d'uranium (et autres éléments radioactifs) qui aurait été dispersé sur 10 millions de km2 (la surface de l'Europe) et ça aurait augmenté dans des proportions énormes la radioactivité et ça aurait mis en danger les gens qui auraient mangé des plantes cueillies à cette époque là. D'emblée, on se dit que c'est n'importe quoi. Mais faisons le calcul.

Pour arriver à couvrir l'équivalent de 10 millions de km² (soit 10 mille milliards de m², puisque un kilomètre carré égale un million de mètres carrés) avec un cube de 1m3, il faudrait 10 mille milliards de carrés de 1m2 et de 1/100 000 000 ème de millimètres d'épaisseur, soit 10 picomètres (10 x 10-12 mètres). Donc, sur chaque mètre carré de l'europe, il y aurait eu dépot d'une pellicule de 10 picomètres d'épaisseur d'uranium et autres éléments radioactifs.

En terme de poids, ça fait donc (puisque 1 m3 d'uranium pèse environ 20 tonnes), 20 tonnes divisées par 10 mille milliards, soit 2 millionièmes de grammes par m2. Or, dans les terrains granitiques et sédimentaires, la proportion d'uranium est de 3 grammes par tonne de roche. Donc, l'augmentation de la radioactivité a forcément été dérisoire.

Selon Wikipédia, un jardin carré de 20 mètres de coté (400 m²) contient sur 10 mètres de profondeur, 24 kg d'uranium. Donc, 400 fois 2 millionièmes de gramme, ça fait 800 millionièmes de grammes de rajoutés à ce jardin, soit 0,000003 %. Bien sur, il y en a plus en surface. Donc, calculons sur un mètre, ça fait 0,00003 % de radioactivité en plus. Et 0,0003 % sur 10 centimètres. Bref, on est dans le domaine du bruit de fond.

Vu qu'il y a autant d'uranium dans du béton que dans de la roche (puisque le béton est constitué de roches), et en considérant cette épaisseur de 10 cm, un individu reçoit donc chez lui 3.000 fois plus de radiations par an à cause du sol et des murs de son appartement qu'à cause de Tchernobyl. S'il va pendant un seule demi-journée à la montagne, où souvent, il y a deux fois plus de radioactivité qu'en plaine, il va recevoir plus de radioactivité supplémentaire que celle causée en un an par le nuage de Tchernobyl.

Même si ça s'est concentré un peu plus dans les cours d'eau, c'est resté du domaine du bruit de fond. D'ailleurs, le Rhône à lui tout seul charrie 100 tonnes d'Uranium par an (voir wikipédia), soit 5 fois plus que les 20 tonnes réparties sur toute l'Europe.

Et il y a 3mg d'uranium par mètre cube d'eau de mer. Soit 1000 fois plus d'uranium que la quantité qui s'est déposée sur 1 m2 de sol à cause de Tchernobyl. Donc, quand on se baigne dans la mer, en supposant que sur la durée des vacances, on est resté 24 heures dedans, on prend 2,7 (1000 divisé par 365) fois la radioactivité prise sur un an à cause de la catastrophe de Tchernobyl. Et certainement beaucoup plus, puisqu'on est la plupart du temps dans des appartements, donc, des zones ou la poussière en question, soit n'est pas rentré, soit est rentrée, mais a été évacuée rapidement dès le premier coup d'aspirateur.

Et en plus, en France, le nuage était en bout de course. Il était sensé s'être débarrassé de l'essentiel de sa poussière radioactive. Donc, on peut tabler sans problème sur une quantité 10 fois moins importante de matière radioactive.

Je ne sais pas, mais c'est vraiment la première idée qui vient à l'esprit quand on parle d'une dispersion à une telle échelle. Est-ce que le volume en jeu n'est pas trop petit pour être complètement dilué ? Parce que, quand même, on parle de l'Europe entière, pas de quelques kilomètres carrés.

Au lieu de se faire ces réflexions de base, en France, tout le monde se concentre sur le fait que le nuage aurait passé la frontière, contrairement à ce que disait le gouvernement, en se croyant très malin (genre nous, on ne nous la fait pas).

Et c'est là-dessus que tout le monde s'est affolé à l'époque.

En fait, croire que l'uranium de Tchernobyl ait contaminé l'ensemble de l'Europe à des taux énormes, c'est comme croire qu'un ou quelques sacs d'engrais pourraient fertiliser toutes les terres agricoles d'Europe. N'importe qui réagirait immédiatement et dirait que c'est n'importe quoi, que c'est ridicule. Mais, avec Tchernobyl, non.