24 avril 2007

Quelques informations de la part d'un ingénieur de Schlumberger

Le hasard faisant parfois bien les choses, il y a quelques mois, lors d'une réunion familiale, j'ai appris qu'un membre assez lointain de ma famille, présent ce soir là, travaille chez Schlumberger. Il a travaillé dans l'exploration pétrolière en tant qu'ingénieur depuis des dizaines d'années, voyageant d'un lieu de production à l'autre. Donc, c'est quelqu'un de très expérimenté dans ce domaine de l'exploration pétrolière.

Lors du repas, la discussion a dérivé vers son travail. Il nous a alors délivré quelques informations, pas fondamentales, mais intéressantes.


Exploration pétrolière

Sur l'exploration pétrolière et la possibilité de trouver de nouveaux champs, on a eu droit aux révélations suivantes. En fait, je crois qu'il a parlé de ça quand est venu le sujet des réserves mondiales de pétrole.

1) Voulant nous montrer qu'on est loin d'avoir tout exploré et qu'on peut facilement tomber sur de nouveaux puits, même dans des zones de production importantes, il nous a donné l'exemple d'une compagnie indépendante qui a racheté une concession à Shell en mer du Nord, et y a trouvé un important champs de pétrole.

2) Idem. Il dit que l'Arabie Saoudite a été assez peu explorée. Il nous a donné l'exemple d'un puit trouvé par hasard entre deux zones de production, à seulement 15 km. Ce qui montre qu'à seulement 15 km des gisements en question, on n'avait pas fait d'exploration. Autant pour le mythe du quadrillage total des zones de production les plus importantes. Et si même les zones les plus productives n'ont pas été quadrillées, on imagine les autres zones.

Ca va bien dans le sens de l'idée qu'il y a encore plein de pétrole à trouver, et que la Shell et d'autres compagnies ne se pressent pas trop pour trouver de nouveau champs.

Pour le cas du champs de Norvège, probablement qu'il était prévu d'y trouver du pétrole et que la concession vendue par la Shell l'a été à une compagnie en réalité contrôlée par la Shell, lui permettant de payer moins d'impôts. Sinon, pourquoi la Shell irait vendre une concession où on soupçonne de trouver du pétrole alors qu'elle peut faire elle-même de l'exploration et engranger des bénéfices importants suite à la découverte ?

Par ailleurs, il nous a dit que le pouvoir des financiers avait ralenti la recherche de nouveaux gisements pendant 20 ans.

Donc, la recherche de nouveaux gisements a bien été ralentie volontairement. Ca n'a rien à voir avec le fait qu'on ne trouverait plus rien. Et si la recherche a été ralentie pendant les 20 dernières années, ce n'est pas parce qu'on ne trouve rien, mais à cause des décisions de financiers à la tête de ces compagnies. Si on veut se situer sur le plan non conspirationniste, c'est normal. Les puits anciens fournissaient déjà parfaitement la demande. Et il est clair, pour revenir à l'idée de conspiration, que si on avait fait des recherches dans les pays non producteurs, la plupart seraient devenus indépendants, détruisant ainsi le business international du pétrole et le contrôle politique qu'il permet sur les différentes nations. Et même dans les pays producteurs, la multiplication des puits aurait conduit à un effondrement du prix du pétrole.

En ce qui concerne l'exploration pétrolière en France, il nous a dit que la France a été assez peu explorée.

Donc, l'idée que la France a été explorée en long en large et en travers et qu'on a rien trouvé est bien fausse.


Quantité de barils à partir de laquelle un puit est rentable

Nous parlant du pétrole en France, alors qu'un autre membre de la famille lui demandait si ces puits qui ne devaient pas rendre grand chose étaient rentables, il nous a appris qu'un puit dans la région parisienne est rentable a partir 10 barils par jour, même à 2000 mètres. Et ce, même avec un prix du baril à 25 dollars. C'est très facile à forer. On étaient très étonnés. Mais, c'était quelque chose de tellement évident pour lui, que du coup, c'est comme s'il parlait un peu à des gars qui débarquent complètement. Bien sur, il tenait compte du coût de l'exploration.

Ca change fortement de ce qu'on entend dire en général. En général, on entend dire qu'un puit doit rendre énormément pour être rentable, surtout s'il est profond. Un puit de 2000 mètres est présenté comme très profond et on nous laisse imaginer qu'il est donc très coûteux et qu'il faudrait qu'il rende au moins, disons 500 ou 1000 barils/jour pour être rentable (enfin en tout cas au moins quelques centaines de barils/jour).

Donc, un puit moins profond, le seuil de rentabilité doit donc être encore plus bas. Probablement 5 baril/jour.


Sur le pétrole off-shore africain

On a appris que des puits terrestres au Congo avaient été abandonnés au profit des puits off-shore parce que la compagnie pétrolière était trop gênée par des rebelles.

Donc, comme je l'évoquais précédemment, on abandonne bien les puits on-shore pour les puits off-shore, qui sont beaucoup moins facilement contrôlables par les autorités africaines, ce qui permet de vendre du pétrole qui n'aura pas été déclaré aux autorités gouvernementales du pays. Ce qui permettra donc de faire d'autant plus de profits.

Sur l'histoire des rebelles, il est clair que ce n'est qu'un prétexte. On peut penser à trois possibilités.

Soit l'attaque des puits par les rebelles est une pure invention, ou une très forte exagération de la part de la compagnie, afin d'avoir une raison permettant de justifier l'abandon des puits. Vu le pouvoir des compagnies pétrolières, on voit mal celles-ci avoir des difficultés à protéger leurs puits.

Soit il s'agit d'une réalité. Mais dans ce cas, on peut se demander qui est derrière. Probablement un pouvoir qui a intérêt à ce que la compagnie abandonne le terrain. On voit mal de simples rebelles sans le sous oser s'attaquer à un pouvoir qui pourrait les réduire en cendre facilement. Il y aurait donc forcément un pouvoir derrière. Mais, vu que les dirigeants des compagnies pétrolières font très certainement partie de la clique qui dirige les affaires mondiales en sous-mains, il n'y a aucun autre pouvoir qui serait susceptible de mettre au point une telle attaque. Donc, ce n'est pas crédible.

Soit il s'agit des deux. Des rebelles ont réellement attaqué les puits de la compagnie pétrolière. Mais ils étaient payés par celle-ci pour que la chose se fasse et que la compagnie pétrolière ait une raison justifiant l'abandon des puits on-shore.